lundi 17 mars 2014

4/ L'insouciance

p. 53 Une courte période avant le service militaire fut celle de l’insouciance au soleil des montagnes enneigées et des plages. Ces instants de ma vie n’ont de réalité qu’à travers les photographies envoyées par un ami d’enfance, et sur lesquelles je me reconnais à peine. C’est comme si les affects liés à cette période s’étaient effacés. Nous étions tous très minces, presque maigres et je crois que l’élégance naturelle des corps se lisait sur nous tous. Pourtant nous parlions de façon très vulgaire et nos voitures ressemblaient à celles trouvées à la casse. Mais nous étions une jeunesse sans aucun lien avec l’alcool ou la drogue. Être ensemble, sortir ensemble, danser, nous comblait. Nous formions véritablement une bande depuis notre petite enfance. 
Toutes les photos, toutes les images de cette période ne me concernent plus à double titre. Elles n’appartiennent plus à l’adolescent que j’ai été ni à l’adulte que je suis devenu. Elles sont le lot de l’éternelle jeunesse d’À bout de souffle, de L’Atalante ou de Monika. C’est l’impeccable noir et blanc, net comme l’écriture, où chaque partie du corps choisit son camp entre le clair et l’obscur. 



En haut et en bas à gauche : "Monika" d'Ingmar Bergman
En haut à droite : "L'Atalante" de Jean Vigo
En bas au centre et en bas à droite : "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard.

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