dimanche 11 mai 2014

12/ D'ordinaire la beauté


P. 95 D’ordinaire, la beauté s’étale dans les magazines, sur les panneaux des villes ou bien encore dans les musées. Elle se compile en fragments, et par de savants Meccano offre l’illusion de la perfection. Moi, j’étais bouleversé par la beauté ordinaire des femmes sans fard, éclairées par une fenêtre banale. Nous partagions cette lumière commune que je pouvais moduler à l’aide d’un rideau ou selon les caprices des nuages. Cette  beauté  me touchait aux larmes. Lorsque je révélais des clichés, à peine éclairés par une lumière rouge, ces noyées réapparues à la surface du bain m’offraient un dialogue silencieux qu’aucune intimité secrète n’aurait pu égaler. 




Sa conscience respire
Les sanglots restent en bordure
Elle souffle un peu, elle souffle encore
Elle fait son sac
Elle y met des mots
Elle y met son ventre futur
Elle dilate son ombilic et met à nu
Ce qui lui reste de cordon
Elle y met son âme
Qu'éclate la première épingle venue
Que la moindre pointe pique au sang

Elle ravaude les trous de mémoire 
Un dé au doigt.

Safietou et sa soeur Khady


Khady

Rachel, la compagne du peintre Roger Eskenazi






La compagne d'Alexandre Kaïdanovski qui interprétait Stalker
dans le film de Tarkovski        

       

Deux plasticiennes

Laurence, modèle professionnel


P. 101 J’étais persuadé que le désenchantement et l’ennui finiraient par inscrire dans tout corps, dans tout visage, une forme de beauté. Comme si l’ennui était le prélude à l’intelligence sous forme d’interrogation  sur le temps perdu.
P. 103 Sans que le modèle s’en aperçoive, par ses déplacements infimes, il arrivait que l’image d’un tableau vienne comme un calque se poser sur ses apparences. Je lui disais : « Ne bougez pas, restez comme vous êtes. » Le modèle restituait l’ennui de l’enfance lorsque les jouets ne se prêtent plus au jeu. Il ressortait de ces clichés le désenchantement et la tristesse de La Bethsabée de Rembrandt. 











Peggy Dautel, comédienne


La mère en figure de proue. La fille embarquée, en route vers 
les fardeaux du passé.


C'est décidé, je vais t'emmener chez moi. A dos d'homme. Je trouverai d'autres vêtements, jamais assez beaux pour toi et tu n'auras pas froid. Le soir venu tu te coucheras près de moi. Ma chaleur deviendra tienne et nous dormirons les yeux grand ouverts en regardant sur les murs l'ombre des rideaux dessinée par la lumière des lampadaires. Le matin à mon réveil tu auras déjà les yeux sur moi. Tu auras veillé sur ma nuit, immobile et silencieuse, les paupières cousues aux arcades sourcilières.

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