dimanche 25 mai 2014

13/ Les belles endormies

P. 102 Je me souviens d’un travail sur Les Belles Endormies de Kawabata. Dans une pièce en plein jour, j’avais posé deux draps sur le sol. Les jeunes femmes s’allongeaient habillées au centre du drap. Je les recouvrais et leur demandais de fermer les yeux. Il m’est arrivé de leur parler alors qu’elles étaient encore étendues et qu’elles n’éprouvaient pas le besoin de se redresser, de se relever. Elles restaient alanguies, presque somnolentes. Je me dissolvais dans l’espace de leur abandon, j’étais à l’abri de l’autre côté de leurs paupières closes. Elles me parlaient de leurs peurs enfantines, du peu de tendresse reçue, de l’attente d’une lueur qui entrebâillerait la nuit par quelques mots rassurants. J’étais loin d’imaginer que je retrouverais ce dispositif en massant. Des corps presque nus, recouverts d’un tissu de coton et mes mains se substituant à mon regard.





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