mardi 29 avril 2014

11/ Le moi est une brocante


p.95 Dans la vie banale, l’ego impose ses tiraillements et ses contradictions. Il fait de nous des êtres normaux, à savoir des névrosés de l’ordinaire. Le moi est une brocante. Un amalgame hétérogène d’objets et de sentiments passés, déposés au présent. Rares sont les trouvailles parmi les vieilleries de nos comportements mimétiques. Nous sommes des archéologues peu regardants et fouillons à ciel ouvert. Ce qui nous attire n’est que l’amnésie de ce qui a été ou le désir frelaté d’un voisin de palier qui nous le cède à bas prix. Le passant de la foire-à-tout remue, soulève, déplace les objets épars à la recherche de son unité perdue et du sens à donner à sa vie, mais le sens est derrière lui et le pousse en avant au risque de le faire trébucher à tout moment s’il n’en saisit pas l’intention. 
Il n’y a d’unité ou de totalité qu’orthopédique. L’armure de l’identité est prête à s’effondrer au moindre choc en mettant à mal toutes ses articulations. 





Collection de masques mexicains ayant appartenu à François Reichenbach
(Musée de la Vieille Charité, Marseille)



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